Alzheimer, démence vasculaire, quelques réflexions…

Publié le par Mimi, l'accompagnante

Aujourd'hui, je vais être un peu plus "grave" que je ne l'étais dans quelques uns des derniers messages. J'ai un peu envie? besoin? de noter certaines choses dites ou pensées. J'ai l'impression que l'ordre dans lequel je vais présenter les choses va être un peu aléatoire, qu'on veuille bien m'en excuser.

Alzheimer a une progression lente et imprévisible. Imprévisible aussi parce qu'il n'y a pas de règle fixe. C'est très différent d'un individu à l'autre, d'un malade à l'autre. Cet aspect est accentué par le fait qu'il y a des moments où le malade semble "normal", fonctionner à peu près correctement, et des moments où ça ne va plus du tout. Un peu comme un clignotant on/off

C'est très déroutant.

Il faudrait faire confiance à la personne… mais jusqu'à quel point peut-on le faire?
Il faut être attentif, mais à l'étape où nous sommes encore, pas trop trop non plus… et en même temps on se dit: quel signe me dira que ce sera ce jour-là qu'il aura des difficultés pour retrouver le chemin de la maison???????
Il ne faut pas non plus trop montrer l'inquiétude pour ne pas avoir un effet anxiogène, le malade n'a pas besoin de ça, mais pourtant il faut bien veiller au grain.
Alors pas facile non plus de lui présenter certaines choses pour certaines démarches. Je cherche plutôt qu'il ne sache pas trop ce qu'il risque de devenir, c'est trop désespérant (qu'on se rappelle aussi sa "petite phrase qui fait mal", récemment: "ce n'est pas un être humain ce que je vais devenir, si ça continue comme ça…", alors qu'il était confronté à ses difficultés avec le langage et l'écriture). Il faudrait donc savoir présenter les choses pour qu'il accepte de signer procuration pendant qu'il en est encore capable, ce serait tout de même plus facile que plus tard des procédures de mise sous tutelle…
Et puis je constate que finalement je ne me suis psychologiquement pas encore assez adaptée (mot plus juste que "habituée") à cette réalité, à cette situation. Il m'arrive encore un peu de commencer à m'impatienter de certaines choses alors que je ne le devrais pas, de vouloir bêtement lui expliquer qu'il se trompe sur tel point, qu'il a bien dit ci, bien demandé ça, alors qu'il ne veut pas l'admettre… et pourtant en théorie, je sais qu'il ne faut pas… qu'il faut tout avaler… comme si c'était normal…

Il faudrait donc s'efforcer à une sorte d'indifférence????????????
Oui, par certains côtés, ce serait une attitude qui aiderait à garder l'attitude de sang-froid nécessaire. Et ce ne serait plus du sang-froid, puisque rien ne serait resenti… ce qui n'est pas possible non plus, d'ailleurs.
Non, cette position peut être néfaste. Trop accepter la situation pourrait mener à des négligences, trop facilement tout mettre sur le compte d'une maladie incurable à la progression inévitable. Pas la bonne solution!!!!!!!

Difficile de trouver la juste mesure et pour l'un et pour l'autre, et pour le malade lui-même (qui ne veut pas se voir attribuer le terme de malade) et pour le conjoint qui accompagne.

Je remarque au passage que je lis (dans le forum Doctissimo par exemple) ou entends des témoignages surtout de personnes qui s'occupent de l'un ou l'autre des parents (père ou mère) ou grand-parent, fort peu de conjoint… Je ne pense pourtant pas être une exception.

Je suisperturbée aussi par cette manifestation de la démence vasculaire et/ou Alzheimer que sont ses visions… l'impression qu'il a par moments de voir ou sentir la présence de notre fille, de mon frère… ds personnes qui ont de forte de chance de penser à nous… serait-il devenu medium? Mais aussi la présence - imaginaire - d'inconnu dans l'entrée, manifestation de l'angoisse, je pense… il a toujours été très anxieux.

Un exemple de chose que j'ai du mal à assimiler:
aujourd'hui j'ai vu la jeune femme du centre d'aide qui s'occupe plus particulièrement de moi. Parmi les éléments du plan d'attaque pour que je me sente plus tranquille; vers le mois de mars s'inscrire sur la liste d'attente du bon centre d'accueil médicalisé qu'ils ont, qui est géré par la  municipalité à un prix auquel je pourrais faire face (le reste est financièrement impensable si jamais un jour mon mari arrivait à un état trop difficilement gérable à la maison); on peut dire non si une place est proposée avant qu'on en ait besoin. Sûr, c'est le genre de disposition que  France Alzheimer conseille aussi de prendre…
Mais je n'arrive pas à intégrer pour "moi", d'être concernée par l'hébergement dans ce centre. 9a fait quelque chose comme 10 ans queje connais ces locaux où il n'y pas que cela, une belle construction appartenant à la municipalité (Chiyoda-ku) qui n'est pas pauvre mais a relativement peu d'habitants (beaucoup quartiers d'affaires, de bureaux…) dominante bourge et plutôt âgée… (c'est ce qu'on m'a dit). Quand j'allais à la jolie piscine chauffée au dernier étage et que je voyais à l'étage d'accueil toutes les personnes âgées en fauteil roulant ou accrochées au déambulatoire… ça me faisait un drôle d'effet… et je ne pensais pas être éventuellement concernée un jour pour l'un de nous deux…  ce soir, je sais que c'est une sage décision, mais j'ai du mal à intégrer…

J'aurais d'autres choses à dire, ce sera pour une autre fois. Maintenant, je préfère passer à autre chose: trop penser  à tout cela ne me fait pas de bien………………………………



Publié dans constat

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M
Bonjour Mimi,Je venais voir si vous écriviez en ce moment et je me suis arrêtée sur cet article car il me parle beaucoup concernant les hallucinations. C'est bizarre, moi aussi je me suis demandée si ma mère n'était pas devenue médium à un moment. Elle parlait souvent à voix basse en regardant au-dessus d'elle alors qu'elle était allongée dans le canapé... comme si elle avait quelqu'un en face d'elle. Puis elle revivait certaines situations violentes avec mon père alors qu'il était décédé. Elle revivait des scènes vécus il y avait plus de 25 ans. C'était impressionnant.BisesMaryblue
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J
Bonsoir à vous ,<br /> J''aimerais vous faire partager ce qui suis.<br /> Un certain soir, je passe un moment auprès de mon mari, ce ne sont pour beaucoup que des silences, des silences qui vous parlent. <br /> Tout  près de nous, une dame dont la maladie est très avancée, parle à une personne venue lui rendre visite. Sont histoire, une histoire incohérente, aucun sens, enfin si le sens qu'elle peut lui donner. <br /> la parole de cette dame qui se perd dans ses propos, raconte à la personne qui est à ses côtès, une histoire. Son regard, le regard de la maman qui couve son enfant, oui son fifs et là, Cette dame  est dans son histoire, son regard c'est sont coeur. Elle sait que son enfant est près d'elle. Son coeur le reconnais, elle lui parle. Elle l'aime tendrement et lui montre.<br /> Vivre ce moment intense, un vrai bonheur,oui quelque soit ce que nous vivons, la personne qui est à nos côtés sait. <br /> A sa façon, elle nous exprime se tendresse, son amour et tout devient cadeau, Savoir prendre ce qui passe, accepter ce qui EST. Que pouvons nous faire d'autre!!!!!!!!!!!!!!! <br /> Aimer.<br /> Avous cordialement.<br /> Jacqueline.<br />  
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G
Bonsoir,<br /> j'apprécie vos petits messages, il me font penser que je ne suis pas seule.<br /> la maladie d'alzheimer n'est pas  une question d'âge comme on a tendance à le dire si souvent : " une maladie de la vieillesse".<br /> Tout les jours, je me surprend à regarder mon mari, à me demander a quoi il pense à l'instant même, a t-il encore des rêves, des envies ou des projets ? Cela me fait mal de voir qu'à son âge, il reste des heures assis dans la véranda à lire et relire le journal de la veille, à s'exclamer dès qu'il "croit" lire un nouvel article, à me demander à quelle heure on passe à table alors qu'il vient d'en sortir et surtout, ce qui me blesse le plus, c'est quand il oublie mon prénom.<br /> Tout cela pour dire que ce n'est pas de la sénilité mais simplement des oublis, des absences de mémoire, de l'amnésie.<br /> Bien cordialement à vous<br /> Ghislaine<br />  
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M
Bonjour Ghislaine.Non, vous n'êtes pas seule… Nous sommes assez nombreux je crois à cotoyer une personne touchée par une maladie neuro-dégénérative…  Bientôt un quart de la population du 3e âge touché par la MA…Ce n'est effectivement pas à confondre avec la sanalité, mais il est plus rare que cette maladie se manifeste autant à un âge plus jeune , comme c'est le cas pour votre mari. D'après ce que vous dites, il est plus avancé que le mien dans les pertes de capacités.Oui, diverses choses font mal, comme ne pas être nommément identifiée par son propre époux… Mais sachez une chose: la capacité, la sensibilité affectives, c'est ce qui reste. Le langage se perd, on n'arrive plus à mettre des mots  sur des choses,  à voir des choses et les nommer, ou tout de suite identifier comment s'en servir (une phrase de ma fille à sa grand-mère : le problème n'est pas de savoir ouvrir la porte, mais e savoir à quoi sert la clé), les connections logiques du cerveau se percdent peu à peu… Mais on sent ce qui a trait à l'affect. Je repense toujours avec une profonde émotion à l'exemple suivant. Une de mes ancienne samies n'était pas reconnue apr sonpère quand elle pouvait aller le voir. Mais il gardait sa main dans la sienne et disait: je ne sais pas qui vous êtes, mais je me sens si bien quand vous êtes là… Même chose pour une autre amie avec sa mère de 94 ans qui n'a presque plus conscience. Mais quand cette amie a vu sa mère aux vacances d'été, le visage s'est comme détendu… Alors je crois qu'il ne faut pas penser qu'on fait des efforts pour rien parce que de toute façon il n'en est pas conscient. Ce n'est pas si simple.En tout cas, c'est ce dont je veux me persuader moi-même aussi, surtout les moments où l'on me reproche tout et n'importe quoi… puisqu'il y a aussi les rares moments où on me dit merci.Non Ghislaine, vous n'êtes pas seule (plusieurs fois que j'ai failli tutoyer, ne pas m'en vouloir si cela m'échappe), n'hésitez pas à communiquer.En ce moment, je ne regrette vraiment pas d'avoir ouvert ce blog, je vois qu'unréseau de communication et d'information est en train de se constituer.A bientôt.
J
Bonsoir Mimi,<br /> Pardon vous avez raison, je me suis mal exprimé. Très recemment je lisais dans un article que la Maladie d'Alzheimer était signe de vieillesse, non, c'est cela que je voulais exprimer, rien à voir avec vous Mimi.<br /> Vivre  l'instant présent, pas toujours évident. Les moments qui passent , ce sont des lumières qui nous sont envoyées. Chacun faisons comme nous le pouvons.<br /> L'avenir, à ce jour il n'y en a pas. Nous devons faire comme si, ce qui me désespère pour autrui c'est de voir comment se comporte notre sociétè, La société dont je fais partie n'est en rien protègée, ne veut pas voir.<br /> Pour moi, je l'ai dit c'est trop tard, je me bats pour que lesproches soit reconnus .<br /> Je vous envoie mon amitié .<br /> Jacqueline.<br />  
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J
Bonjor à vous,<br /> J'aimerais sur un brel instant et en pensant à vous tous et à vous Gislaine,<br /> Protèger ce qui est, sans ignorer ce qui pourrait se passer ? Comment faire? Vivre l'instant présent et essayer de ne rien laisser passer.<br /> Etre atteind de la Maladie d'Alzheimer, n'est pas lier à la vieillesse comme nous pouvons le lire sur certains écrits, cela n'est pas ausi sombrer dans la folie. <br /> C' est une maladie avec tout ce que cela comporte, comme tout autre maladie.<br />  A ce jour, pas de médicament qui soigne ,seul des médicaments de confort peuvent aider et cela ne marche pas toujours.<br />  Des drames, le drame de la personne malade, le drame du proches qui tombe dans la solitude et dont la socièté ne veut pas prendre conscience.<br /> Avec vous.<br /> Jacqueline <br />  
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M
Jacqueline:"n'est pas lié à la vieillesse"; je sais ce que vous voulez dire: insister sur le fait que ce n'est pas "simplement" de la sénélité, il s'agit d'une maladie grave de destruction systématique des cellules du cerveau. D'ailleurs, les effets visibles sont à peu près les mêmes que ceux du cancer au cerveau. Simplement, avec Alzheimer, c'est plus lent… Et qu'à ce jour ce soit encore une maladie incurable rend la situation assez désespérante. C'est pourquoi il ne faut pas, dans la mesure du possible, penser à l'avenir… D'où ma devise maintenant: carpe diem… Une bonne journée ensemble aujourd'hui, une journée de vie normale et très agréable, quelle chance!Oui, ne pas voir plus loin…