Plus de peur que de mal... mais pas toujours

Publié le par Mimi 'accompagnante

Un délai plus important que je ne le pensais depuis ma précédente intervention ici. Il faut vraiment que je m'organise mieux.

Du nouveau, pendant ce mois?
Oui.
Il a nettement baissé. Oui, encore. On dirait que la machine s'emballe... Stop! Stop!

Le 29 septembre, je l'ai accompagné à une réunion des anciens de la section lettres de son université, ceux de son année de naissance. C'était un (bon) buffet, je l'ai entièrement servi sinon, c'est le risque aussi qu'il renverse l'assiette en la tenant mal, etc. Et il n' a pas beaucoup parlé avec les autres.
Au retour, je suis passée par le Printemps-Ginza. Il grognassait parce qu'il y avait du monde dans la rue; évidemment, un samedi après-midi... Habituellement, quand on est dans ce coin, on passe volontiers au sous-sol de ce magasin où il y a une bonne boulangerie française, et justement, j'avais besoin de pain pour le ptit déj du lendemain.
On arrive donc à l'escalier mécanique pour descendre, je sais qu'il est derrière moi, je viens encore de l'entendre. J'arrive en bas, pas de Nao derrière moi dans l'escalier. Je remonte vite fait: disparu... Et je ne le vois pas dans l'étage. Et à ma connaissance, il n'a pas d'argent sur lui...
Je vais vite voir à l'accès de métro que l'on utilsie d'habitude quand on passe par là: il n'y est pas. Je retournde au magasin, par acquis de conscience fait faire un appel (je sais que même s'il est dans le coin ça  a toutes les chances de ne servir à rien). Au moins une demi-heure s'est écoulée depuis que je l'ai perdu de vue.
Je me dis qu'avec un peu de chance il sera rentré et à m'attendre devant la porte s'il n'a pas sa clé; c'est déjà arrivé. Je refuse de paniquer, mais ne suis qaund même pas très tranquille.
Arrivée à notre station, je descends, et au moment de prendre l'escalier mécanique pour monter, je jette un coup d'œil derrière moi: le voilà ty pas qui descend de la rame...

Je ne sais pas le détail. Pour l'argent il avait peut-être justement une pièce qui trainait dans une poche? Et qu'a-t-il fait pendant cette demi-heure? tout ce que je sais, c'est quéu moment de mettre le pied sur l'escalier mécanique,il s'est senti perdu, s'est cru bousculé par le monde qu'i y aait et a rebroussé chemin.

Il ne se rend pas compte qu'il n'est pas seul et que donc la personne qui est avec lui peut se poser des questions, s'inquiéter, et que ce n'est peut-être pas la meilleure façon de faire...

A partir de là, il y a eu une très mauvaise période.
Qui s'est caractérisée aussi par l'agressivité. Il se fache très fort à partir de rien, s'excite tout seul (ce n'est pas nouveau, ça fait combien d'années que je le connais comme ça!....), hurle, me tape dessus, ou est sur le point  de le faire.
Et ça, je n'arrive pas à supporter...
Hier aussi, il a eu une crise de ce genre. Il ne m'a pas tapé dessus, maais j'ai senti sa tenatation de me donner un coup de poing (au lieu des claques parfois retentissantes sur le bras ou l'épaule) qui cette fois serait peut-être parti dans la figure. Avec l'expression qu'il avait en plus, j'ai un peu pris peur; surtout que lorsqu'on me frappe, j'ai une tendance naturelle à spontanément, quasi inconsciemment rendre le coup qui part tout seul.
Je suis donc allée dans la chambre dont j'ai fermé la clé. Il a essayé d'ouvrir la porte, l'a tambourinée violemment un certain nombre de fois avant d'abandonner.
J'ai fini par sortir de la pièce une fois que j'étais sure qu'il s'était plus ou moins écarté. Je n'ai rien dit, j'ai vaqué à mes occupations dans une pièce ou l'autre. Je me suis ensuite rendue compte qu'il était sorti. Je l'avais prévenu avant et après le déjeuner que je sortirais faire une course à Shinjuku. J'y suis allée. Au retour, il m'attendait style sur le pas de la porte...
Mais moi, l'épisode m'avait vidée, inquiétée, et je me demandais jusqu'à quel point j'étais responsable ou  non de l'état dans lequel il s'était mis contre moi...

Et c'est beaucoup le fait qu'il ne comprend pas ce qu'on lui dit et qu'il réinvente les choses en négatif. Qu'est-ce que je peux faire pour ça??? Apparemment rien Il ne comprend pas. Mes explications calmes et gentilles sont prises pour des paroles agressives, méchantes; qui donc lancent ou relancent la machine. Le geste physique d'apaisement? il n'a jamais été du genre calin même un minimum; et quand il est comme ça, il prendrait probablement ça encore comme un geste de menace.

Je ne vois pas de solution, et c'est ce qui me démoralise ce soir. Mal à l'estomac, comme l'envie de vomir... bref, je somatise.

Ses déraillements sont beaucoup plus nets et fréquents. Presque permanents.
- Il prend les clés pour... pouvoir payer la boîte de lait. Et n'arrive pas à comprendre quand je lui dis doucement que ça n'a pas de rapport.
- Nous revenons ensemble de l'extérieur, nous sommes devant la porte de l'appart, il appuie tant et plus sur le bouton d'interphone. Je lui dis gentiment que ça ne sert à rien puisqu'il n'y a personne dans la maison et que ce n'est pas ça la serrure de la porte, il ne réalise pas du tout ce que je lui dis.
- Au japon, pour sortir de l'enceinte payante du métro, il faut mettre son ticket dans une petite fente et la sorte d epotillon s'ouvre pour qu'on puisse passer. L'autre jour, j'étais déjà passée; il voulait passer sans mettre le billet. Je n'arrivais pas à lui faire comprendre ce qu'il fallait faire. Heureusement, un monsieur qui assistait à la scène, qui avait compris la situation et était du bon côté du portillon a aidé mon mari et on s'est enfin sorti de cette situation. Dans tous ces cas, j'accumule du stress, même inconsciemment...
- il me sort dignement quelque très menue monnaie pour payer le goûter chez Paul ou autre situation du même genre.
- Quand je lui ai acheté un pantalon, l'essayage n'était pas une affaire tout à fait banale...
- Enfiler un polo, c'est quelque fois assez mystérieux, quand on est fatigué; enfiler une veste aussi, parfois.
- Dimanche était invité le couple qui s'est occupé de l'imprimé du livre; des personnes qu'il connnaissait d'avant, à titre amical aussi. J'ai bien dit et redit le jour même aussi. Quand ils sont arrivés dans le séjour, nao qui était assis regarde avec son regard un peu perdu et demande: qui c'est?
- avant-hier, en faisant les courses où il m'accompagnait pour faire une petite promenade, on rencontre par hasard un de mes amis français; nao a son regard perdu vers moi pour que je l'aide à situer, prend conscience qu'il faut dire bonjour à quelqu'un et ... me tend la main. Plus que pathétique, quelque chose de touchant, émouvant dans ce geste de quelqu'un qui veut bien faire mais ce n'est pas toujours bien au point. En tout cas, ma connaissance a tout de suite saisi la situation.
- bien sur, signer le livre, c'est comme pour le visa: j'imite sa signature dans notre écriture; il faut donc que j'ai des exemplaires prêts d'avance, pour ne pas le faire sous les yeux des personnes à qui le livre est destiné...
- etc etc
- Le très gros problème, ce sont ses difficultés avec le langage, il parle, beaucoup, mais ça fait un peu l'effet de phrases aléatoires. Le pire, c'est quelorsque j'essaye d edeviner ce qu'il veut, je lance des mots (pas vite surtout!) et il dit toujours non, sans identifier le mot juste quand il m'arrive de le trouver; et après on tombe dans la crise de colère, parce que je ne sais toujours pas ce que je dois faire... Et c'est sans issue..
Ça devient un peu lourd...

Mardi de cette semaine, nous avions rendez-vous chez le médecin, pour qu'il puisse remplir les papiers pour la démarche de mise sous curatelle. Ce détail, il ne le savait pas, sinon il aurait été nerveux.
Malgré tout, il n'a pas su répondre à la moindre question... On peut toujours penser que c'est un peu normal quand c'est hors contexte, mais là ça dépassait ce simple fait; et ça reflétait bien ce que je vis au quotidien avec lui.
mais ça me fait craindre que le tribunal décide d'une tutelle au lieu de la curatelle que je demande a priori. Déjà lors de l'entretien que j'avais eu à la remise du dossier, elle avait fait entendre que ça pourrait être une curatelle "aménagée", c'est à dire renforcée d'après ce que j'avais compris.

Pas très gai, tout ça; et il devient d'autant plus difficle de vivre en oubliant quelques instants.


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Publié dans constat

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L
Quel courage tu as ! Que d'amour pour ton mari. c'est admirable. Honnêtement, je ne sais pas si je pourrais supporter tout ça en permanence, mais tant qu'on n'est pas dans cette situation on ne sait pas ce qu'on ferait.En tout cas je t'admire vraiment.Je te souhaite beaucoup de courage et reviendrai prendre des nouvelles. Toutes mes amitiés et de gros bisousLucie
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M
Ça vient petit à petit, je crois qu eles circonstances font reculer les limites de ce que l'on croyait "insupportable"; et se dire que c'est dû à une méchante maladie fait ,relativement, un peu passer certaines choses...bises
F
Bonjour Mimi,Je sens que toutes tes forces sont mobilisées par la maladie de ton mari.J'aimerais que tu ne culpabilises pas car tu fais plus que quiconque serai capable de faire.Gros bisousVal
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L
Il est vrai que j'ai de plus en plus le sentiment que ça me bouffe presque complètement