maladies dégénératives, Alzheimer, et euthanasie???

Publié le par Mimi, l'accompagnante

Dans un forum spécifique à des accompagnants d'Alzheimer, un des participants a donné le lien avec cet article belge qu'il faut que vous lisiez.

Les premières phrases de l'article:
Un projet de loi envisage l'élargissement du champ d'application de la loi sur l'euthanasie aux personnes dont les fonctions cérébrales sont diminuées (Alzheimer...) et qui en auraient fait préalablement la demande. Dans ce débat naissant, nous souhaiterions modestement verser le témoignage suivant des douleurs mais également des joies qui ont émaillé les 5 dernières années de la vie de notre père, décédé à la suite de la maladie d'Alzheimer.
(c'est moi qui souligne)

Et le chapeau que la rédaction a choisi:
Face aux logiques les considérant comme des poids humain et financier, des (grands-)parents pourraient signer des déclarations à contre-coeur afin de ne pas créer d'embarras à leurs enfants.

Le témoignage lui-même est très touchant, une synthèse très bien faite du vécu de cette famille, je suis encore loin d'être arrivée à cette maîtrise de la situation, même si j'ai fait un peu de progrès par rapport à moi-même, même si je n'ai pas encore trop le droit de me plaindre, étant dans une situation encore gérable…

La personne qui s'exprime dans ce témoignage se montre défavorable à cette mesure et donne ses raisons.

J'aimerais beaucoup que toutes les personnes qui liront cet article laissent leurs réactions dans les commentaires

Et pour vous mettre à l'aise, je vais avoir l'honnêteté de donner la mienne.

POUR:
Il est probable que je signerais un tel document. je dis bien: probable. Pour beaucoup de faits de la vie, on ne peut être sûr de ce qu'on fait qu'une fois qu'on y est.
Effectivement, pour éviter aux proches d'avoir à souffrir du spectacle de la déchéance et de la douleur morale de ne pas être reconnu par son propre parent ou conjoint…
Peut-être pour soi-même: savoir que jour après jour il y a des protéines gloutonnes qui détruisent les cellules, que les facultés s'estompent, disparaissent, cognitives d'abord, puis motrices…
Oui, signer, ça peut faire envie…

RESERVE OU CONTRE:
- Plus facile de signer un papier que de mettre en action… tant pour celui  qui part que pour la famille qui doit "s'en occuper".
Une fois mon mari, il y a pas mal de temps de cela, alors qu'il n'était pas du tout question de cette maladie dans notre vie, m'avait fait comprendre qu'il préférerait qu'on l'aide à partir plutôt que de recevoir un acharnement thérapeutique. Ce que j'ai tout de suite pensé, c'est : j'ai enregistré l'opinion, d'accord, mais si le cas se présentait, serais-je vraiment capable de faire "ce qu'il faut"… J'ai le souvenir d'une ancienne amie qui avait demandé au docteur de donner une piqure calmante à son mari qui souffrait  trop (cancer généralisé en phase finale). Le doc avait prévenu que cette xième piqure de morphine pourrait devenir la dernière, elle avait répondu qu'il fallait qu'il ne souffre plus inutilement…  Elle avait mis du temps à s'en remettre, d'autant que son ado de fils le lui reprochait…
- Il y a les familles honnêtes, sincères, et les autres… L'article évoque la possibilité de (grands) parents se forçant pour le "bien" de leurs descendants.
Il faut ajouter que c'est aussi la porte ouverte à des abus dans l'autre sens: pousser à signer, faire précipiter le mouvement…

Et on ne peut pas dire: de toute façon, ils sont inconscients, on sait que ce n'est pas si simple que ça!

Pas si simple non plus d'avoir une opinion très tranchée………

S'il vous plait, le sujet est important, laissez vos opinions…




 

Publié dans questionnement

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M
C'est effectivement un sujet sensible mais j'ai tendance à respecter les volontés des malades, qu'elles qu'elles soient, avant tout. Ma mère a été diagnostiquée Alzheimer à 52 ans, mais elle était malade depuis longtemps déjà. Bien avant qu'il soit question de maladie, elle nous avait dit à ma soeur et à moi ainsi qu'à notre médecin traitant " si un jour je perds la tête et que je deviens un légume, promettez moi de m'aider à partir, je ne veux pas devenir une charge pour vous." Nous ne savions pas pourquoi elle était obsédée par le sujet alors qu'elle allait bien, mais comme vous dîtes, elle avait dû pressentir quelquechose. Je n'ai fait aucune promesse car je n'en fait que très rarement. Je savais que je serai incapable d'un tel geste mais je comprenais ses attentes. Moi même je ne supporterai pas de me voir détruire à petit feu, c'est une vrai torture pour tout le monde. Et je me mettais à sa place, perdre tous ses moyens devant ses enfants, c'était pour elle, perdre sa dignité quelque part. Elle nous a élevé seule, ma soeur et moi, elle s'est toujours battue dans la vie, elle travaillait auprès de malades mentaux, elle était infirmière en psychiatrie, elle savait ce que c'était de ne pas avoir toute sa tête. Se retrouver de l'autre côté de la barrière pour elle, c'était affreux! Par respect pour elle, pour sa volonté, j'aurai accepté l'euthanasie après avoir été au bout du supportable pour elle comme pour nous. Elle a 61 ans aujourd'hui, elle vit toujours, en état de léthargie, chez elle, sous les soins de mon beau-père qui entre dans une dépression certaine. Il est épuisé, fatigué, mais il se refuse à placer ma mère. Je ne juge pas sa décision, tout ce que je sais, c'est qu'il y laisse sa santé. Heureusement qu'il est aidé par le personnel à domicile. En ce qui me concerne, j'ai de plus en plus de mal à supporter de voir ma mère dans l'état où elle est. Quand elle est éveillée, elle me fixe et laisse couler une larme, comme pour me dire qu'elle en a marre elle aussi. Je serai incapable d'accomplir ce qu'elle m'a demandé et pourtant, j'aimerai la libérer de cette putain de maladie qui la bouffe jusqu'au bout!!! Elle qui a tant fait pour les autres et jamais rien fait pour elle....Je m'arrête ici, les sanglots m'envahissent...
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J'ai été coupé ! Il m'a appris beaucoup de choses, je pense . Notamment sur le respect, de la personne de ce qu'elle a été. Ce qu'elle a fait et construit tout au long de sa vie, je trouve dommage qu'une fois les grandes choses faites, la personne devenant un fardeau, on s'en "débarrasse". Ils ont des moments de lucidité que l'on ne peut prévoir. Je suis infirmière et j'ai vu également des gens mourir sereinement grâce aux soins palliatifs, et des choses que l'on ne peut gérer, un coup de téléphone tant attendu qui repose l'esprit, ou une visite inattendu mais qui fait du bien ! Je ne sais pas comment le dire mais les gens semblent attendre un moment qui leur est particulier pour partir. Et ce moment est perdu si on pratique l'euthanasie, c'est inconsciemment que cela semble se passer ! Bon courage.
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M
MissMio, un grand merci pour ce témoignage… Une phrase résonne tout particulièrement en moi: l'avant dernière. Encore une fois, merci…
c'est un sujet très dur !! Je n'ai jamais connu que mon grand-père malade, au début, on le voyait par de petits signes, des manies qui revenaient de plus en plus fréquemment ! Mais pour autant c'était mon grabd-père
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M
j'ai d'abord lu ce témoignage très émouvant , que de dignité et que d'amour dans cette famille. Je suis sincèrement contre l'euthanasie , en tant que chrétienne tout d'abord je ne peux concevoir qe l'on décide du droit de vie ou de mort d'une autre personne . je pense que le gros problème se situe dans la méconnaissance que les gens ont vis à vis des soins palliatifs, il y a des services de soins palliatifs extraordinaires où les pires souffrances sont prises en charge, on aide avec de la morphine où d'autres produits et puis surtout on entoure la personne dans ces derniers moments avec beaucoup de dignité, mais on préfère de loin parler dans les médias de l'euthanasie,. Pour les patients atteints de la maladie alz. , je ne peux pas trop me prononcer , car certaines personnes ne voudraient pour rien au monde imposer à leurs proches les désagréments liés à la maladie, mais s'il y a ne fut ce qu'un petit moment de répit et de lucidité , je crois que celà vaut la peine d'aller jusqu'au bout avec la famille. Que ne ferait on pas pour garder le  plus longtemps la personne qu'on aime à ses côtés!!! Mais c'est vrai que la société évolue , on veut que tout soit niclel, on cache les morts dans les funérariums, on met ses vieux dans des institutions, et pour ne pas embêter leurs enfants certaines personnes pourraient signer ce genre de document. on est dans une époque où les parents se saignent  pour les enfants , souvent ce sont les parents qui aident les enfants: babysitting, nettoyage, repassage et plus le contraire.<br /> cette évolution de la société est inquiétante et pousse les gens à penser euthanasie , comme on pense maintenant crémation comme celà plus de soucis, plus de stèles à entretenir tout est propre et net.<br />  <br />  <br />  
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M
Oui, Michele, que dignité et que d'amour… c'est ce que je constate dans à peu près tous les témoignages.Et je me pose une question: jamais de révolte? ou bien on le gomme?